26 juillet 2022
Dans le cadre du plan pluriannuel de coopérations du CNRS avec l’Afrique, le conseil consultatif Afrique-CNRS s’est réuni pour la première fois le 27 juin.
« La coopération scientifique entre l’Afrique et l’Europe est une priorité du CNRS : nous souhaitons mettre en place des partenariats d’excellence durables pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain. Pour y parvenir, nous nous sommes entouré de personnalités avec lesquelles nous pourrons prendre la juste mesure du terrain, qui nous aideront àquestionner nos pratiques et à mobiliser utilement nos forces. », explique Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, pour décrire le Conseil consultatif Afrique de l’organisme.
« La nécessité de créer un Conseil consultatif ou Advisory Board est apparue très tôt dans la stratégie de mise en place du plan pluriannuel de coopérations du CNRS avec l’Afrique, lancé début 2022 », confirme Amel Feredj, adjointe à la Direction Europe de la recherche et coopération internationale du CNRS pour l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Inde. L’idée : pouvoir compter sur « l’avis éclairé » de personnalités connaissant bien la recherche africaine et pouvant « guider notre réflexion, l’orienter, voire la modifier » au cours des années à venir.
De quoi éviter de répliquer des dispositifs déjà existants et surtout aligner les thématiques de recherche sur les priorités individuelles et communes des États africains. Une démarche de coconstruction dont se félicite Yvonne Mburu, « honorée d’avoir été choisie pour l’accompagner ». Fondatrice du réseau Nexakili de professionnels de la santé, de scientifiques et d’ingénieurs africains et de la diaspora africaine, la chercheuse a été élue présidente du Conseil le 27 juin, lors de la première réunion rassemblant l’ensemble des membres.
Ceux-ci sont des personnalités scientifiques africaines qui ont aussi des fonctions de définition de politiques scientifiques et promotion de la science au niveau pan africain, des scientifiques du CNRS avec une longue expérience de la coopération en Afrique, ainsi qu’Elisa SimonPietri, directrice internationale des programmes Sciences à la Fondation L’Oréal, qui représente un profil plus ancré dans le monde de l’entreprise.
Le Conseil se réunira tous les six mois pour conseiller la direction du CNRS. Mais les premières recommandations n’ont pas attendu : directeur général du Centre de suivi écologique au Sénégal, Cheikh M’Bow a par exemple mis en avant le potentiel de collaboration avec l’industrie et la société civile en Afrique, précisant : « La force du CNRS est sa capacité à rassembler des personnes aux profils et enjeux différents, et c’est cette logique qu’il faut garder en Afrique. » Judy Omumbo, responsable des programmes au sein de la fondation Science for Africa, a quant à elle invité le CNRS à prendre part aux projets pan-africains existants. « Les scientifiques africains peuvent parfois souffrir d’isolement. Il y a un travail à faire pour acculturer à l’idée que nous pouvons nous organiser et que nous sommes en train de le faire pour faire face aux enjeux auxquels le continent est confronté », a-t-elle précisé.
Parmi leurs premières actions, certains membres du Conseil ont aussi rejoint l’événement « Imaginer un nouveau partenariat scientifique entre l’Europe et l’Afrique », organisé par le CNRS et l’IRD le 29 juin, dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne, en attendant un workshop prévu en Afrique du Sud en fin d’année pour « réfléchir ensemble aux thématiques prioritaires de recherche communes ».
Les membres du Conseil CNRS-Afrique
Laurent Bruxelles (France) – Géologue et géomorphologue au laboratoire Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés(1) et membre honoraire de l’Université du Witwatersrand (Afrique du Sud), il a participé à de nombreuses fouilles archéologiques en Afrique du Sud, en Éthiopie, au Liban, en Namibie et au Botswana, et a contribué à la datation de Little Foot, un squelette fossile presque complet d’australopithèque trouvé dans le système de grottes de Sterkfontein, en Afrique du Sud.
Joseph Rodrigue Foe Essomba (Cameroun) – Diplômé en biotechnologie, fondateur du Centre scientifique de la santé au Cameroun et initiateur du Salon international des jeunes chercheurs africains à Yaoundé, il est directeur du Centre de production des tests de dépistage et de diagnostic au Cameroun (Camdiagnostic) et sous-directeur de l’Unité de coopération internationale au Ministère de la recherche scientifique et de l’innovation du Cameroun.
Cheikh M’Bow (Sénégal) – Directeur général du Centre de suivi écologique au Sénégal, il a été directeur de Future Africa à l’Université de Pretoria, directeur exécutif de l’organisation START-International à Washington DC et scientifique principal sur le changement climatique au World Agroforestry Center au Kenya. Professeur associé au département de foresterie de l’université d’État du Michigan, il est expert sur la question du changement climatique.
Jonathan Mboyo Esole (RDC & États-Unis) – Mathématicien, il est lauréat en 2018 du Next Einstein Award, qui récompense les scientifiques de plus haut niveau en Afrique et est remis par le Next Einstein Forum, une plateforme connectant la science, la société et la politique scientifique en Afrique avec le reste du monde, et le plus grand organisateur d’événements scientifiques en Afrique. Il est très investi dans l’éducation de la jeunesse congolaise et l’accès à l’éducation pour les filles.
Yvonne Mburu (Kenya) – Responsable des partenariats et des relations extérieures à l’Académie de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle est fondatrice du réseau Nexakili de professionnels de la santé, de scientifiques et d’ingénieurs africains et de la diaspora africaine, et membre du Conseil présidentiel français pour l’Afrique depuis 2017. Elle est Tutu Fellow de l’African Leadership Institute, fellow du Next Einstein Forum et « jeune leader » de la Fondation franco-africaine. Immunologiste de formation, ses intérêts de recherche s’étendent désormais aux systèmes et aux politiques de santé, ainsi qu’à l’application de technologies de pointe pour accélérer l’adoption des dernières innovations en médecine et catalyser ainsi les pratiques médicales et la recherche innovantes, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Judy Omumbo (Kenya) – Responsable des programmes au sein de la fondation Science for Africa, elle a siégé au Conseil de la recherche de l’Organisation météorologique mondiale et fait partie de plusieurs groupes d’experts et de travail sur la politique en matière de changement climatique. Passionnée par le développement de la carrière des scientifiques en début de carrière en Afrique, elle a travaillé pendant plus de 25 ans dans le domaine de la santé mondiale en tant qu’épidémiologiste et dans la politique de santé publique.
Hervé Pennec (France) – Historien au CNRS et membre de l’Institut des mondes africains(2), il est directeur du groupe d’intérêt scientifique « Études africaines en France » dont la mission est de rendre mieux visible les études africaines en France par des échanges, concertations et initiatives au sein de la communauté académique.
Elisa Simonpietri (France) – Docteure en pharmacie et directrice internationale des programmes Sciences à la Fondation L’Oréal, elle dirige et développe des programmes visant à réduire les inégalités entre les sexes dans le domaine des sciences, à identifier et à mettre en valeur les talents scientifiques féminins dans le monde, à encourager davantage de jeunes filles à rejoindre les filières scientifiques et à créer des partenariats solides dans le domaine de la recherche. À ce titre, elle est également secrétaire exécutive du Prix L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science.
Himla Soodyall (Afrique du sud) – Membre de la direction de l’Académie des sciences d’Afrique du Sud, elle est professeure en génétique humaine à l’université du Witwatersrand. Elle a été médecin scientifique principal au National Health Laboratory Service (NHLS, Afrique du Sud) et a mené des recherches génétiques révolutionnaires sur les peuples d’Afrique subsaharienne qui ont permis d’identifier certains des ADN les plus anciens trouvés chez des personnes vivantes aujourd’hui, renforçant la théorie selon laquelle les humains modernes ont évolué dans la région connue aujourd’hui sous le nom d’Afrique australe.