Une start-up française conçoit un hôpital 100 % ambulatoire pour l’Afrique

Par Sylvain Marcelli

La société Clinifit, installée à Lille, prévoit d’inaugurer des hôpitaux entièrement dédiés aux soins ambulatoires en Guinée et au Cameroun en 2017. « Notre solution couvre 80 % des besoins médicaux et respecte les meilleurs standards mondiaux », assure Nicolas Vaillant, directeur général de la start-up, joint par AEF jeudi 23 juin 2016. « Notre modèle consiste à construire l’infrastructure sur place et à confier les clefs à un exploitant local, dans le cadre d’une délégation de service public », précise-t-il. La suppression des chambres d’hospitalisation réduit fortement le coût du bâtiment. Pour développer ce projet, Clinifit et ses partenaires ont investi près de 400 000 euros. Une campagne de financement participatif vient d’être lancée pour compléter cet apport.

Le premier hôpital 100 % ambulatoire de Guinée devrait être construit à Conakry en 2017 par une start-up du nord de la France, Clinifit. Doté de quatre salles d’opération et de cinq salles de naissance, il réalisera 8 000 actes chirurgicaux, 2 000 accouchements et 45 000 consultations par an. Coût du projet, soutenu par la fondation Enfants du monde : moins de 3 M%u20AC.

50 000 %u20AC…

C’est le montant que souhaite emprunter Clinifit pour poursuivre la R & D sur son projet d’hôpital modulaire ambulatoire. La société a lancé une campagne de financement participatif sur le site Pretgo.

Clinifit s’est lancée avec des projets destinés au marché européen comme « la chambre d’hôpital du futur » (lire encadré ci-dessous). « À notre grande surprise, nous avons été sollicités il y a deux ans par le gouvernement guinéen pour imaginer des solutions alternatives d’accès aux soins », relate Nicolas Vaillant, dirigeant de Clinifit. « Ce pays pauvre peut construire des hôpitaux grâce aux financements internationaux mais rencontre des difficultés pour les faire fonctionner. Nous avons travaillé avec des soignants pour identifier les contraintes locales », explique-t-il.

« Supprimer les chambres d’hospitalisation »

Une idée s’impose rapidement pour couper dans les coûts de fonctionnement : créer une structure de soins exclusivement ambulatoire. « Supprimer les chambres d’hospitalisation permet de réduire l’espace », souligne Nicolas Vaillant. « Même pour la naissance, il est possible d’entrer et de sortir dans la journée », assure-t-il, rappelant que beaucoup d’accouchements ont lieu à la maison. Quelques chambres sont quand même prévues en cas de césarienne par exemple.

« Notre projet est global : nous avons travaillé sur une technique de pré-construction, qui permet de réduire les coûts, mais aussi sur l’organisation des soins ou la formation des professionnels de santé sur place », indique Nicolas Vaillant. « L’idée est bien d’assurer des soins aux meilleurs standards mondiaux ». Une fois installé, l’hôpital serait confié à un opérateur local privé (pour contourner le problème de la corruption), dans le cadre d’une délégation de service public.

Des discussions en cours avec le Cameroun

Le projet a été baptisé « CuraDay ». Un démonstrateur vient d’être construit à Bapaume, dans l’Oise, avec l’aide du conseil régional (qui a investi 100 000 %u20AC). La structure est faite de panneaux capables de résister à des températures extrêmes. L’ensemble a été dessiné par un cabinet d’architecte belge. Une trentaine de PME des Hauts-de-France sont impliquées dans la conception et l’équipement du bâtiment.

L’hôpital de Conakry ne sera pas le seul établissement « CuraDay ». Une discussion est en cours avec le gouvernement du Cameroun : quatre à six sites pourraient être construits à partir de 2017, pour un investissement global de 20 M%u20AC.

Clinifit cherche encore son marché

La start-up Clinifit a été fondée par huit PME nordistes en 2013 pour commercialiser deux projets innovants, conçus pour les pays développés : une chambre d’hôpital qui rend le patient plus autonome et un service ambulatoire repensé. Mais l’industrialisation s’avère plus difficile que prévu. Malgré des commandes passées par une maternité de Charleroi, en Belgique, et par le groupe HPM dans la métropole lilloise, le chiffre d’affaires reste faible (300 000 %u20AC en trois ans). Le projet « CuraDay » pourrait constituer un accélérateur pour l’entreprise.