Le nombre de cas de malaria a augmenté de plus de trois quarts au Tigré en un an, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En raison du manque d’accès, elle s’est dite à nouveau vendredi à Genève «très inquiète» par la situation dans le nord de l’Ethiopie.
Depuis six semaines, aucune possibilité d’acheminer du matériel d’assistance par la route pour par voie aérienne n’a été donnée au Tigré, a déploré à la presse la cheffe des urgences pour l’Ethiopie à l’OMS, Ilham Abdelai Nour. L’accès est meilleur pour les régions voisines de l’Afar et d’Amhara.
Au Tigré, où un conflit dure depuis près de deux ans entre l’armée éthiopienne et les séparatistes, les cas de malaria ont augmenté de plus de trois quarts sur un an. Ils s’étendent «chaque semaine», selon Mme Nour. Autre problème, la population ne peut accéder à des moyens préventifs pour la première fois depuis les années 60.
L’OMS avait pu acheminer un peu de matériel jusqu’en août. Mais le manque de carburant ne lui permet pas de l’utiliser dans les communautés. Dans la région de l’Amhara, l’augmentation des cas de malaria atteint, elle, 40%.
Inquiète sur le choléra
Même si aucun cas de choléra n’a été observé encore au Tigré, l’OMS est inquiète également sur cette question, de même que sur la rougeole. Avec le blocage observé, il est difficile de faire remonter toutes les indications. Pour cette raison, il est impossible de savoir combien de personnes auraient pu succomber à des décès évitables liés à des maladies ou à la malnutrition, ajoute Mme Nour.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), près de 90% des Tigréens sont en insécurité alimentaire et 47% sont gravement atteints sur cette question. La semaine dernière, le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus avait estimé qu’une «fenêtre très étroite» était encore ouverte pour éviter un «génocide» dans la région d’où il vient.
«Nous allons continuer à alerter» sur cette situation comme sur toutes les urgences sanitaires, affirme un porte-parole de l’organisation, refusant de dire si ces déclarations ont un effet négatif dans le dialogue avec les autorités. L’OMS a encore du personnel dans le nord de l’Ethiopie.
Seulement 9% de centres de santé fonctionnels
«Nous avons besoin d’un accès durable», a insisté le chef des interventions d’urgence Altaf Musani. La menace d’un désastre est «large», dit-il. Au Tigré, plus de 5 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire. Les vaccins et la plupart des médicaments manquent. Actuellement, seuls 9% des centres de santé de la région sont fonctionnels, ajoute également l’organisation.
La Commission sur les droits de l’homme en Ethiopie, mandatée par le Conseil des droits de l’homme à Genève, a dit que des crimes contre l’humanité ont été perpétrés depuis le début du conflit en novembre 2020.
Des millions de personnes sont déplacées ou réfugiées. Et des centaines de milliers sont confrontées à des conditions proches de la famine. De nombreuses personnes sont décédées. Le nombre de blessés est aussi très important, estime l’ONU.